Les comptes prévisionnels – on parle aussi de budget dans les grandes entreprises ou de business plan pour les créateurs – sont des documents comptables qui sont établis à l’avance, pour les exercices à venir ou pour l’exercice qui va débuter. Ils comprennent à la fois un bilan et un compte de résultat prévisionnels, voire un tableau prévisionnel de trésorerie.
Le principal intérêt du prévisionnel est de vous permettre de simuler votre activité du point de vue comptable et financier pour l’exercice à venir, l’exercice 2019 en l’occurrence, en fonction des prévisions de conjoncture du moment et des objectifs que vous vous fixez en termes de chiffre d’affaires, de marge et de charges notamment. Ainsi, vous pourrez ensuite comparer en permanence, pendant l’année, vos réalisations avec les prévisions à l’aide d’un tableau de bord mensuel et, en fin d’exercice, lorsque vous disposerez de vos comptes définitifs.
Établir un prévisionnel permet également de chiffrer plusieurs hypothèses de travail. Vous pourrez alors, en toute connaissance de cause, prendre les décisions d’investissement et de développement de votre affaire qui s’imposent, au regard des objectifs à atteindre et des moyens que nécessite leur réalisation.
On peut découper la démarche qui permet d’élaborer les comptes prévisionnels en six étapes principales :
1 - La définition des orientations pour l’année : objectif de croissance annuelle, lancement d’une gamme de produits nouveaux, etc.
2 - La définition des moyens nécessaires pour atteindre l’objectif et assurer leur financement : investissements, embauches, souscription d’emprunts, augmentations de capital, etc.
3 - L’évaluation du chiffre d’affaires prévisible en fonction des orientations que vous avez définies et de vos objectifs.
Méfiez-vous ici, cette évaluation du chiffre d’affaires doit être réaliste et en cohérence avec les capacités de votre entreprise. Pour cela, elle doit s’appuyer :
- sur ses performances passées ;
- sur ses capacités de production actuelles et futures ;
- sur les données de votre secteur d’activité ;
- sur les chiffres de vos principaux concurrents ;
- sur les prévisions économiques 2019…
4 - L’estimation de vos charges prévisionnelles par le listage de l’ensemble des charges de vote entreprise, en les analysant une à une et en portant une attention toute particulière aux plus sensibles.
5 - L’établissement d’un compte de résultat prévisionnel découlant de tous les éléments obtenus lors des étapes précédentes (chiffre d’affaires, investissements et charges notamment).
Ce compte de résultat prévisionnel peut être présenté sous la forme comptable classique ou sous la forme d’un tableau de soldes intermédiaires de gestion, offrant ainsi une meilleure analyse des chiffres obtenus. Un tableau qui pourra comporter à la fois les données prévisionnelles et celles du dernier exercice clos, et qui fera ressortir leur évolution programmée en pourcentage.
6 - Le chiffrage de votre trésorerie prévisionnelle, afin d’anticiper vos besoins, pour les négocier par avance avec vos partenaires financiers si cela se révèle nécessaire. En effet, vous avez tout intérêt à compléter votre approche prévisionnelle comptable par une approche en termes de trésorerie. Autrement dit, cela consiste à présenter sous la forme d’un tableau à 12 colonnes le détail des entrées et des sorties mensuelles prévisionnelles de trésorerie au cours de l’exercice 2019 afin de faire apparaître l’évolution de la trésorerie prévisionnelle cumulée chaque fin de mois.
L’analyse prévisionnelle ne doit pas, en effet, se limiter à un examen de la rentabilité comptable, mais doit être impérativement complétée par une étude de la situation financière prévisionnelle, surtout en cette période de crise économique et de raréfaction du financement bancaire. Ce document permettra d’anticiper les problèmes de besoins de financement et de négocier par avance des facilités de trésorerie avec vos partenaires financiers.
Attention : les comptes annuels, s’ils sont indispensables, au moins au regard de vos obligations de déclaration (déclarations fiscales notamment) et d’information de vos partenaires, ne sont pas suffisants. Ils vous procurent la photographie à un instant donné de votre actif professionnel et de votre performance sur les 12 mois passés. Mais lorsqu’ils mettent en lumière une difficulté, il est peut être déjà trop tard pour agir. Ils sont donc indispensables mais pas suffisants.
Publié le vendredi 21 septembre 2018 - © Copyright Les Echos Publishing - 2018