Longtemps considéré comme un domaine réservé aux initiés, le marché de l’art s’est largement démocratisé ces vingt dernières années et attire aujourd’hui des investisseurs de tous horizons. Pour autant, s’improviser collectionneur d’art n’est pas chose aisée. Alors, avant de vous lancer, voici un panorama des enjeux de ce marché et des manières d’y intervenir.
L’art fait partie de ces classes alternatives d’investissements que l’on désigne aujourd’hui par l’acronyme anglais SWAG pour Silver (argent), Wine (vin), Art, Gold (or). Les œuvres d’art sont devenues des actifs très prisés des investisseurs qui souhaitent notamment diversifier leur patrimoine.
Et à en croire la dernière étude d’Artprice.com, il s’est échangé pour 9,5 milliards d’euros d’œuvres d’art dans le monde en 2013, dont 549 millions d’euros uniquement en France.
Quant au nombre de pièces vendues, il a tout simplement doublé en à peine dix ans. Une croissance qui touche également les prix qui, sur la même période, se sont envolés de 80 % en moyenne. Dans le détail, on constate une augmentation de 25 % du prix des photographies, de 27 % de ceux de la peinture, de 38 % pour la sculpture et, phénomème remarquable, de 185 % pour le dessin.
L’acquisition d’une œuvre d’art est un acte qui doit rester motivé essentiellement par le plaisir et l’envie. Une œuvre ne doit donc pas être seulement regardée comme un placement de diversification. C’est un actif tangible, palpable, porteur d’une lourde charge émotionnelle. Aussi, quitte à investir une partie de vos liquidités dans une peinture, une sculpture ou encore une estampe, autant que l’œuvre soit à votre goût et que vous preniez plaisir à la contempler et à la détenir.
Si le choix d’une œuvre d’art doit être guidé par vos envies, gardez à l’esprit qu’elle doit disposer d’un potentiel de valorisation à terme. Un potentiel qui, même s’il existe aujourd’hui de nombreux outils (sites Internet de cotations) et ouvrages pour s’initier à l’art, reste difficile à estimer, notamment en raison du morcellement du marché. Dans le domaine de la création artistique, on peut identifier pas moins de 6 grandes époques distinctes comme les maîtres anciens, les artistes du XIXe siècle, les artistes modernes, les artistes d’après-guerre, les artistes contemporains ou encore les artistes émergents. À cela s’ajoutent les différentes typologies d’œuvres d’art telles que les peintures, les dessins, les gravures, les estampes, les lithographies, les statues, les sculptures, les céramiques, les émaux ou encore les photographies. Investir dans une œuvre artistique nécessite donc non seulement de se documenter et de fréquenter par exemple les galeries d’art et les expositions, mais également de se faire accompagner ou du moins conseiller par un professionnel pour réduire le risque de se tromper.
Pour vous procurer une œuvre, vous avez le choix entre la vente de gré à gré (c’est-à-dire que vous en faites l’acquisition auprès d’un particulier, d’un artiste ou d’un professionnel comme un marchand d’art, un galeriste, un antiquaire) ou encore en participant à une vente aux enchères. Etant précisé que lors de l’acquisition d’une œuvre d’art, le vendeur doit vous fournir un certificat d’authenticité ou document contenant la description exacte du bien vendu (nature, composition, origine et ancienneté de la chose vendue).
Contrairement aux idées reçues, l’art n’est pas inabordable. En effet, 70 % des œuvres adjugées dans le monde en 2013 l’ont été à moins de 4 000 €. Ce qui ne signifie pas pour autant que ces œuvres soient de moindre qualité et de signature moins intéressante. Dans cette gamme de prix, il est même possible de « dénicher » des gravures de Rembrandt ou encore des clichés du célèbre photographe japonais Nobuyoshi Araki. Toutefois, il faut être conscient qu’un investissement de cet ordre a peu de chance de générer de fortes plus-values à terme, sauf cas particuliers.
Au contraire, si l’investisseur souhaite tirer profit de son acquisition pour réaliser une opération spéculative, il devra y consacrer un budget minimal de 15 000 € à 30 000 €. C’est à partir de cette fourchette que se présente à lui un « catalogue » bien plus important. Sachant que selon les spécialistes, une œuvre de 15 000 € à 50 000 € se valorise en moyenne de 3 % à 5 % par an, une œuvre estimée entre 50 000 € et 100 000 € s’apprécie de 7,5 %, et à partir de 100 000 €, la rentabilité peut afficher 12 % à 15 %.
Si l’investissement dans l’art semble séduisant, il faut savoir que ce marché peut présenter certains risques si l’on ne tient pas compte de plusieurs facteurs.
D’une part, le marché de l’art est relativement étroit et peu liquide, ce qui doit vous conduire à investir dans des œuvres d’artistes reconnus sur la scène internationale pour faciliter, à terme, la revente. Si vous êtes néophyte, faites-vous accompagner par un expert ou privilégiez l’achat de valeurs sûres telle une peinture, une lithographie ou une sculpture d’un artiste du xixe?siècle comme, par exemple, un bronze animalier de l’artiste Antoine-Louis Barye. Ce type d’œuvre conserve sa valeur intrinsèque et subit peu les aléas du marché.
D’autre part, il est recommandé de ne pas consacrer plus de 5 % de son patrimoine à des œuvres d’art. Sauf si vous êtes un collectionneur passionné, investir dans l’art doit être vu plus généralement comme un moyen de diversification du patrimoine qu’un outil de spéculation ou de défiscalisation.
Rappelons qu’investir dans une œuvre d’art permet tout de même de bénéficier d’avantages fiscaux non négligeables. En effet, les objets d’antiquité, d’art ou de collection ne sont pas compris dans la base d’imposition de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et sortent ainsi du patrimoine taxable du contribuable. Un bon moyen donc d’alléger sa facture fiscale !
Enfin, le marché de l’art est relativement volatil, c’est-à-dire que la valeur des œuvres est susceptible de varier en fonction de nombreux éléments comme la qualité, la rareté, les effets de mode, le contexte économique, le taux de change entre pays, la fiscalité, les crises. Acheter au bon prix est donc un exercice délicat.
N’hésitez pas à nous contacter pour cibler votre prochaine acquisition !
Publié le vendredi 12 décembre 2014 - © Copyright Les Echos Publishing - 2014