Très fréquente, la fraude au président consiste à se faire passer pour le dirigeant d’une entreprise afin d’obtenir le paiement d’une somme d’argent par le biais d’un virement.
Responsable administrative d’une PME spécialisée dans le mobilier professionnel, Mme X consulte ses courriels un jour de juillet 2015. L’un d’entre eux, estampillé « confidentiel », émane du président de l’entreprise et enjoint d’effectuer un virement urgent sur un compte étranger afin de mener à bien le rachat d’un concurrent asiatique. Plus tard, un prétendu avocat l’appelle : « C’est une opération urgente. Vous ne voulez pas mettre en péril l’entreprise, n’est-ce pas ? ». Mme X ordonne alors 7 virements pour un montant total de 1,6 million d’euros avant que la fraude ne soit découverte. Privée de trésorerie, cette entreprise des Deux-Sèvres employant 42 salariés a été placée en liquidation judiciaire en janvier 2016.
La fraude au président est un cas typique d’abus de confiance. Elle s’appuie sur la connaissance que les fraudeurs ont de l’entreprise cible, sur la mise en place d’un scénario crédible et sur leur capacité à contrôler psychologiquement la personne qui, malgré elle, va devenir leur complice. Pour limiter ce risque de fraude, il faut :
- assurer la confidentialité des organigrammes (a minima en extraire le nom et les coordonnées des responsables financiers et comptables) ;
- limiter la communication de l’entreprise autour de ses partenariats et de ses grands projets ;
- sensibiliser les salariés en leur présentant la mécanique de cette fraude ;
- rappeler aux salariés qu’ils doivent systématiquement mettre en place une procédure de validation (par exemple, contacter directement le chef d’entreprise, un cadre, votre cabinet d’expertise comptable) quand la demande est insolite et/ou portée par un interlocuteur inconnu faisant preuve d’insistance (flatterie, intimidation) ;
- mettre en place un protocole de double signature pour tout virement supérieur à 1 000 €.
Si le virement vient d’être effectué, il n’est peut-être pas trop tard. Les banques disposent, en effet, d’une possibilité de rappel des fonds durant les premières heures qui suivent l’ordre. Sans attendre, il faut :
- alerter sa banque (y compris en dehors des heures d’ouverture, via leur numéro d’urgence) ;
- saisir les autorités (la police dispose de services spécialisés).
Publié le vendredi 15 décembre 2017 - © Copyright Les Echos Publishing - 2017