Sauf à vivre sur une autre planète, il est difficile de n’avoir jamais entendu parler de la nouvelle tablette graphique d’Apple. Cet étrange objet avec sa coque en aluminium, son absence de boutons et son écran tactile de 25 cm de diagonale est le digne descendant du célèbre iPhone. Ergonomique et séduisante cette tablette représente selon ses concepteurs un heureux compromis entre les smartphones et les Netbooks. Alors, est-ce vraiment un outil professionnel ? Que peut-on en faire ? Peut-il valablement remplacer un ordinateur portable ?
Long de 24,3 cm, large de 19 et épais d’un peu moins de 1,4 cm, l’iPad pèse plus ou moins 700 g en fonction des modèles proposés et offre un écran de la taille d’une demi-page A4 (25 cm de diagonale avec une résolution de 1024 x 768 pixels). Ainsi, s’il lui est impossible de se glisser dans une poche, il peut trouver refuge sans problème dans la plupart des sacoches. Il appartient à la famille des palettes graphiques, c'est-à-dire qu’il est doté d’un écran tactile faisant office de clavier et de souris. Techniquement il est équipé d’un microprocesseur cadencé à 1 GHz, d’une batterie lui garantissant 10 heures d’autonomie, de 16, 32 ou 64 Go de mémoire interne (Flash) en fonction du modèle choisi, et tourne avec le système d’exploitation d’Apple baptisé iPhone OS 3.2. Enfin, question connectivité, il est compatible Wifi, Bluetooth, 3G (du moins certains modèles), mais comme la plupart des produits nomades de la firme à la pomme, outre la prise 30 broches destinée aux accessoires « maison » et une prise casque audio, il ne présente ni connecteur USB, ni lecteur de carte mémoire.
L’iPad offre une prise en main simple et intuitive. Ainsi, tout naturellement, comme avec l’iPhone, on identifie rapidement les icônes et on intègre sans effort les gestes qu’il faut adopter pour faire défiler un menu, déplacer un objet ou une image, l’agrandir ou la rétrécir. Côté clavier, là encore la prise en main et le confort de frappe sont plus qu’acceptables, même si on peut regretter qu’il soit toujours nécessaire d’ouvrir des sous-menus pour accéder à certains signes de ponctuation ou au pavé numérique. À noter, enfin, la présence d’un accéléromètre permettant de faire passer le mode d’affichage de « portrait » à « paysage » (et inversement) en basculant l’écran. Cette dernière fonction pouvant toutefois être verrouillée à l’aide d’un petit interrupteur présent sur la tranche de la coque de l’iPad.
De base, on retrouve sur le bureau un agenda, un gestionnaire de contacts, un logiciel de prise de notes, une application de géolocalisation, un navigateur (Safari), une messagerie électronique, des lecteurs de vidéos, d’images, de musiques, mais également un menu de paramétrages et enfin un accès à App Store, le « magasin » en ligne d’Apple. Par l’intermédiaire de ce site il est possible de télécharger plus de 150 000 applications. Toutefois, il faut préciser que la quasi-totalité de ces applications ont été développées pour l’iPod et l’iPhone. Optimisées pour le petit écran de ces appareils (8,8 cm de diagonale), elles doivent donc être « étirées », offrant ainsi une image composée de « gros grains », pour remplir celui de l’iPad. Le fait que ces applications aient été conçues pour des smartphones limite également leur intérêt, notamment professionnel, dans la mesure où elles ont été pensées pour des usages qui ne sont pas ceux d’une tablette graphique. Ainsi, le plus souvent, il s’agit de « mini-programmes » plus proches des gadgets (ou Widgets).
Pour le moment, seules 5000 applications ont été conçues pour l’iPad. Elles permettent d’accéder à la presse en ligne, de réaliser des recettes de cuisine, de jouer et de faire quelques travaux bureautiques de base.
L’iPad est, selon ses créateurs, un outil polyvalent, une espèce de « couteau suisse » ergonomique et élégant, qui permet à son utilisateur à la fois de surfer sur le Net, de relever ses courriels, de faire des travaux bureautiques, de visionner des vidéos, d’écouter de la musique, de lire des livres et de jouer.
Surfer sur le Net
À l’instar de l’iPhone, l’iPad a été pensé pour naviguer sur le Net. Ainsi, d’un point de vue technique il intègre une antenne Wifi et communique sur les réseaux 3G (en option). Côté logiciel, il dispose d’un gestionnaire de messagerie qui, avec la prochaine mise à jour de l’OS (iPhone OS 4.0), prévue dans quelques mois, devrait permettre de gérer plusieurs comptes mail et webmail simultanément. Pour ce qui est du surf, l’iPad est fort logiquement équipé de Safari, le navigateur d’Apple. Rapide et convivial, celui-ci présente néanmoins l’inconvénient de « refuser » les animations programmées en Flash, empêchant ainsi l’internaute de visualiser d’innombrables vidéos, programmes interactifs et autres jeux présents sur le Web. En revanche, Safari est d’ores et déjà compatible avec le HTML 5.0 qui, d’ici quelque temps, devrait devenir la nouvelle norme de conception des sites internet.
Pour travailler
Contrairement à un ordinateur portable ou à un Netbook, l’iPad n’est pas un outil « ouvert ». D’une part, l’OS employé est spécifique, d’autre part, les ressources processeur et mémoire sont limitées et non extensibles. Enfin, Apple contrôle, via App Store, l’ensemble des applications acceptées par l’iPad. Bref, inutile d’envisager d’installer une application « métiers » quelconque. Dès lors, qui dit travail dit, du moins pour l’instant, activités bureautiques. On trouvera ainsi dans le magasin en ligne d’Apple la suite iWork qui, pour moins de 10 € par logiciel, propose un traitement de texte (Pages), un tableur (Numbers) et un logiciel de présentation (Keynote). Pour ce qui est des sorties papier, l’iPad étant dépourvu d’une prise USB, la communication avec l’imprimante devra se faire par Bluetooth en utilisant un des drivers proposés en téléchargement sur App Store.
Outre la faiblesse de l’offre de logiciels professionnels, l’iPad présente l’inconvénient de devoir être, du fait de sa conception physique monobloc, constamment tenu en main. Ainsi, le travail de saisie d’un texte long doit, comme avec un simple smartphone, se faire en utilisant les deux pouces. Pour utiliser tous les doigts, il faut trouver un moyen de « caler » l’iPad ou s’équiper, moyennant quelques dizaines d’euros, de la sacoche ou d’un des « Docks » spécialement conçus par Apple.
Pour lire
Si l’iPad n’offre pas un grand confort de rédaction à moins d’être équipé en conséquence, il permet, du fait de la taille de son écran et de la convivialité de son interface, de lire dans de bonnes conditions. Bien entendu, l’iPad est équipé, comme tous les ordinateurs portables, d’une dalle lumineuse. Dès lors, à la différence des « livres électroniques » traditionnels, qui utilisent un système d’affichage dit « d’encre électronique » non rétro-éclairé, il provoque une certaine fatigue oculaire en cas de lecture prolongée. Toutefois, s’il n’offre pas la qualité de confort d’un lecteur spécifique, il présente l’avantage de permettre, du fait de son accès permanent à internet, d’enrichir la lecture d’un document.
Une des principales évolutions qui caractérise la dernière version du système d’exploitation mobile d’Apple est sans doute l’arrivée d’un système multitâche. Ce dernier va enfin permettre d’utiliser plusieurs programmes simultanément. Cette possibilité sera néanmoins limitée à certaines applications (audio, voix sur IP, GPS, gestion des fins de tâches) pour assurer une utilisation optimale des ressources (processeur, batteries) de la machine. Concrètement, le passage d’un programme à un autre se fera via un menu présentant l’icône de chacune des applications ouvertes ; menu accessible par une double pression sur le bouton « Home ». Outre la gestion multitâche, l’OS 4.0 d’Apple intégrera un mode de création et de gestion des fichiers. Dès lors, il sera enfin possible de regrouper les célèbres « apps » dans des répertoires, ce qui facilitera grandement leur recherche et donc leur lancement. Enfin, on peut également noter l’apparition d’une messagerie unifiée et d’un système de cryptage des données plus abouti. L’OS 4.0 devrait être proposé aux utilisateurs de l’iPad à l’automne prochain.
Disponible en France depuis le 28 mai 2010, l’iPad est vendu en ligne ou dans des grandes surfaces spécialisées comme Darty ou la Fnac. Deux modèles sont présentés. Le premier est équipé d’une simple antenne Wifi, le second offre en plus un accès à la 3G. Chaque modèle est proposé avec 16, 32 ou 64 Go de mémoire interne pour un prix allant de 499 € (iPad Wifi, 16 Go) à 799 € (iPad Wifi + 3G, 64 Go). Quant aux forfaits indispensables pour accéder à ces réseaux téléphoniques, ils coûtent chez Orange, de 10 à 39 € par mois selon le volume de données choisi (200 Mo/mois ou 2 Go/mois), et chez SFR, de 14,90 € à 29,90 € (250 Mo/mois ou illimité avec débit ajusté en fonction de la consommation des autres abonnés au-delà de 1 Go de données consommées). Pour ce qui concerne les accessoires, il faut compter 39 € pour l’étui rehausseur (indispensable), 29 € pour un Dock simple et 69 € pour un clavier sans fil ou un Dock équipé d’un clavier.
Publié le mardi 13 juillet 2010 - © Copyright SID Presse - 2010